Trois jours a Lisbonne
Coté pratique
-pour une soirée fado: il n’y en a pas le dimanche soir.
-les musées sont gratuits le dimanche
-le palais de Fronteira n’est ouvert qu’en semaine le matin
-se munir d’un titre de transport qui donne droit à l’usage des bus et du métro.
Le premier jour
Premier jour (samedi): installation à l’hôtel dans le Bairro alto, promenade dans la Baixa puis dans l’Alfama qui nous monte jusqu’au château Saint Georges. La promenade est interrompue par la pluie et se termine par un circuit avec le typique tram 28 qui monte et descend en traversant le vieux Lisbonne.
La Baixa: Il faut remonter au milieu du XVIIe siècle après les tremblements de terre et le raz de marée ravageurs de la Toussaint 1775( 40000 morts selon Voltaire)- ce malheur permit à Pombal, ministre de José 1er de donner à Lisbonne un centre aéré tout en angles droits , la Baixa.
L’épine dorsale du quartier est la promenade que l’on peut faire de la place de Figueira via le piétonnier de la rua Augusta à la place du Comercio ouvert par un imposant arc de triomphe.
L’elevador Santa Justa, ascenseur de style néo-gothique, construit par un élève de Gustave Eiffel, relie la Baixa au Bairo Alto. L’endroit offre une vue superbe sur le plan en grille de la Baixa, le fleuve, l’autre colline avec le château et les ruines de l’église do Carmo toute proche.
Nous y découvrons aussi la calca da portugesa, mosaïque bicolore de petits pavés de calcaire blanc et de basalte noir ou gris que l’on foule aux pieds sur les trottoirs, les allées, les patios, ou les parvis des églises, pas toujours commode mais joli à l’œil, et véritable marque de fabrique lusitane en métropole, dans tous le Portugal, mais aussi dans les pays d’Outre-mer comme le Brésil.
L’Alfama: avec ses escaliers et ses venelles serpentant au dessus du Tage est le plus vieux quartier de Lisbonne et aussi le plus simple et le plus chaleureux. L’ascension du quartier nous conduit au pied du château Sao Jorge, à la Porta da Sol puis au Mirador Santa Luzia avec des vues exceptionnelles au dessus du Tage.
Le soir: soirée fado inoubliable chez A Baiuca. Le fado y a gardé sa forme traditionnelle: chant d’improvisation accompagné par la guitare portugaise et la viola. La patronne du restaurant mène merveilleusement les chanteurs qui jouent sur la diction, les variations de timbre et d’intensité ainsi que la suspension du tempo et font vibrer la corde sensible des assistants. Ils nous tiennent à l’écoute jusqu’à deux heures du matin: nous en avons oublié le temps et la fatigue due à la mauvaise nuit passée dans le train. C’est avec regret que nous les quittons.
Deuxième jour(dimanche): jour des musées
Visite du musée do azulejo dans l’élégant couvent da Madre Deus du XVIeme siècle dont les cloîtres offrent un cadre magnifique. Le musée révèle de nombreuses pièces illustrant l’histoire et l’évolution de cet art, de la géométrie ottomane des origines aux radieux autels bleu et jaunes, de la rusticité des scènes religieuses aux délicatesses de Goa.
On peut y voir un fascinant panneau de 36 m de long figurant une rare représentation de Lisbonne avant le séisme. Nous avons aussi admiré la chapelle baroque scintillant de tous ses ors et incrustée de carreaux bleus et blancs.
Nous prenons ensuite le bateau qui fait la croisière sur le Tage. Cela nous permet de contempler Lisbonne, les immeubles futuristes du parc des nation, le pont de Vasco de Gama gigantesque pont à haubans qui traverse l’estuaire du Tage dans sa partie la plus large:17185m.
Nous nous faisons déposer à Belem. Ce lieu, situé à une certaine distance de Lisbonne, a beaucoup changé par rapport à ce qu’il était jadis. Les peintures et les gravures anciennes montrent une mer relativement proche des murs. Les embarcations arrivaient directement sur la plage de Rastrello où un ermitage d’abord puis une église paroissiale et pour finir le monastère hiéronymite accueillent les pèlerins et les navigateurs. Ce fut d’abord l’église de Santa Maria de Belem sous les prérogatives et juridique de l’ordre militaire du Christ dont l’administrateur était l’infant Henri le Navigateur. L’année de son couronnement en 1495 Don Manuel 1er voulut construire un monastère sur cet emplacement dans le but d’en faire un panthéon de la nouvelle dynastie( Avis Beja). Il attribue au monastère un vingtième des taxes prélevées sur le commerce des épices et des pierres précieuses des Indes, sur l’or de Guinée et des mines qui devaient être découvertes sur les terres lointaines. Il souhaite que le nombre des moines soit d’une centaine, ce qui explique la longueur exceptionnelle du dortoir abritant les cellules des moines dans un insolite corps de bâtiment, situé sur le même niveau que l’église en face de la mer. Le roi mourut avant la fin des travaux qui purent être achevés grâce à la rente qu’il avait octroyé au monastère.
Vue de l’intérieur, l’église avec ses trois nefs d’égale hauteur semble être recouverte d’une seule et même voûte immense, de quelque 25 m de haut, reliée de temps en temps à la terre par de sveltes piliers apportant clarté et unité à l’espace.
Le gigantesque réfectoire orné d’une très belle voûte est situé sur le coté ouest du cloître prés de la fontaine (lavatorium). Il y subsiste les azulejos du 18ème siècle.
A l’entrée de l’église et sous la voûte reliant le chœur au dortoir des moines, s’ouvre un portique au dessus duquel on peut admirer, grandeur nature, les souverains Don Manuel et Dona Maria son épouse fille des rois catholique d’Espagne, à genou vêtus de magnifiques habits. Ils semblent participer à l’adoration de Jésus de Bethléem.
Une chapelle , sous le chœur, abrite le tombeau de Vasco de Gama.
Pour moi , c’est de Belem que devrait partir le chemin vers Saint Jacques.
Malheureusement, nous n’avons plus eu le temps de visiter le musée de la marine qui jouxte le monastère. Nous avons eu juste la possibilité d’entrevoir les barques royales qui servaient aux cérémonies sur le Tage. Elles ont beaucoup de ressemblance avec celles que nous avions vues à Aranjuez en plus imposant.
On découvre au bord du Tage la tour de Belem construite à partir de 1515 à proximité du monastère qu’elle devait protéger. Elle commémore l’expédition deVasco de Gama vers les Indes en 1495 et celle de tous les marins qui ont fait la grandeur du Portugal, son opulence et son ascendant sur les mer du globe. A l’origine, elle se trouvait au centre du fleuve mais fut déplacée par le raz de marée consécutif au tremblement de terre de 1775.
Troisième jour:
Visite du palais du marquis de Fronteira, ancien pavillon de chasse construit aux abords du parque Florestal de Monsanto. La maison et le jardin à la française possèdent de magnifiques azulejos aux thèmes les plus variés.
Dans la salles des batailles, des panneaux de faïence présentés en bande dessinée, représentent des scènes très vivantes de la guerre de restauration de l’indépendance. Un détail représente Jao de Fonteira combattant un général espagnol. Sa loyauté lors de cette bataille lui valut le titre de marquis.
Dans la salles des batailles, des panneaux de faïence présentés en bande dessinée, représentent des scènes très vivantes de la guerre de restauration de l’indépendance. Un détail représente Jao de Fonteira combattant un général espagnol. Sa loyauté lors de cette bataille lui valut le titre de marquis.
L’après midi nous flânerons au parc des nations, site de l’expo 1998 inaugurée cinq cent ans après la découverte des Indes par Vasco de Gama en passant par le cap de Bonne Espérance. Le clou de la visite sera l’océanarium qui abrite une étonnante diversité d’espèces.
En vigie auprès de la gare do Oriente, les tours de Sao Gabriel et de Sao Raphaël rendent hommage aux capitaines qui découvrirent le nouveau monde.
En résumé:
Ce poème de Péroncel-Hugoz dans le fil rouge portugais nous résume Lisbonne en ces quelques mots:
Lisbonne, Lijbon (1997)
A part le son
De ton nom
Lisbonne, Lijbon
Tu ne m’as pas dépaysé.
Tu as des tramways
Comme Marseille
Et telle Rio un Cristo-Rei
Des dômes agglutinés
Ainsi qu’à Rome
Plus sept collines en prime
La mer de Paille
C’est le Bosphore
Tes quais, d’eau grasse
Sont baignés
Genre Venise.
De Beyrouth
Tu as les avions
Rasant les toits
Et la piste en pleine ville.
Comme toi Lausanne
Est à niveaux enchevêtrés
A s’y perdre.
Et Grenade aussi
Possède un vieux castel arabe.
Ton pont Salazar débaptisé
Couche au poteau
Notre Tancarville
Mais il est surchargé
On reste là planté
Vertigineusement sur Tage
Des heures dans les gaz.
Pour les embarras d’autos
Partout tu te surpasses
Pis encore qu’à Paris
Et tes chauffeurs sont féroces
Dérisoires conquistadors
Toi si douce autrement.
Mais unique tu es
Avec les culs mouvants
De tes habitants
Gigolos d’Eduardo VII
Bombeiros ados d’Alfama
Poissonnières prises au berceau
Amoureuses d’ouvriers
Du chantier Expo 98
Qui, universelle, te refera
Ainsi qu’au temps des caravelles.